Marcel Albert est né le 25 novembre 1917 à Paris dans le 13ème. Son enfance se passe dans le milieu modeste de sa famille qui lui interdira plus tard de pouvoir poursuivre ses études. Mais au bord de la ferme familiale à Paray-Vieille-Poste, ou sa mère d'origine italienne élevait des cochons, commençait la passion et les pistes d'Orly : très vite les mécaniciens l'adoptèrent.
Il entre donc assez vite dans le monde du travail. Après son certificat d'études, il débute comme apprenti aux usines Renault sur l'île de la Jatte, mais poursuivant ses rêves aériens il étudie d'arrache pied la nuit, preuve s'il en est de sa volonté, les manuels techniques prêtés par les mécanos d'Orly... En 36, à 19 ans, le Front populaire lui permet d'accéder au club d'aviation populaire d'Orly... avec cette bourse d'Etat le brevet de pilote (1er et 2ème degré) est passé rapidement et haut la main ( Marcel Albert connaît déjà par cœur les théories et les moteurs). Il intègre l'Armée de l'Air en avril 38 par un contrat de 3 ans le liant au bataillon de l'air 105... à l'âge de 21 ans, il est affecté comme élève pilote à Istres. Le voilà pilote et « chasseur »... Le centre d'instruction de Chartres ne le laissera pas repartir et il restera là comme instructeur, mettant nettement en lumière d'autres nombreuses qualités... Lorsque la guerre éclate il est versé à sa demande en unité combattante et rejoint le groupe I/3 en la 2ème escadrille... De sa base prés de Reims, il obtient en une trentaine de missions sur D.520 deux victoires le 14 mai 40 ( 1 probable - Bf 109 e - d'abord et une sûre - Heinkel 111 - ensuite). Le groupe passe à l'armistice en AFN (Afrique Française du Nord). Aux questions qu'il se posait sur les lacunes du commandement pendant la campagne de France vient s'ajouter une allergie au climat Vichyste qui règne sur les bases françaises en Afrique... Le 14 octobre 41, tout juste Sergent-chef, il s'évade d'Oran à bord de son D.520 en compagnie de 2 compagnons, Albert Durand et Marcel Lefèvre profitant d'une purée de pois... Espagne, Gibraltar et enfin Angleterre... Le voyage est mouvementé, plusieurs navires sont coulés et il participe au sauvetage de rescapés... Ayant signé chez les FAFL en décembre 41 ( 1 mois après avoir été condamné à mort par contumace par le tribunal militaire d'Oran), il est début 42 en unité d'entraînement (61 OTU), puis versé en mai au Sqn 340 en mai 42, groupe de chasse « Ile de France »... Il effectuera prés de 50 missions sur Spitfire...
Il fait dés août 42 sa demande pour le GC3 « Normandie »... Un nouveau long voyage pour la Russie via le Moyen-orient l'amène au final en fin d'année (nov. 42) sous les cieux soviétiques... Nouveau sous-lieutenant (déc. 42), son destin est alors mêlé à celui de « Normandie »... Il remporte sa première victoire le 16 juin 43... Il prendra la tête de la 1ère escadrille de Normandie (sept. 43) et sera vite Lieutenant... puis Capitaine lors de la prise du nom « Normandie-Niemen » par son unité (nov. 44)... Il reçoit en ces temps l'Ordre de Lénine avec étoile d'or et est fait « Héros de l'Union Soviétique » au terme de 1131 heures de vol en mission de guerre...
Sa devise sur le front de l'Est a été constante : prudence, intelligence, durée... Avec son accent de titi parisien, ce brun massif avait un humour corrosif et des réparties cinglantes, quelque soit la hiérarchie présente... son objectif était toujours la mission, ramener son appareil, rentrer tous au complet et ne pas se risquer inutilement dans des combats hasardeux... mais surtout sa plus grande qualité, si l'on peut les classifier, reconnue très tôt par tous était son extraordinaire acuité visuelle...
Rapidement après la fin de la guerre il rentre en France avec le NeuNeu (juin 45), « Bébert » est promu Commandant et nommé attaché de l'Air en Tchécoslovaquie. Puis quitte l'armée de l'air et part vivre aux Etats-Unis ou il crée une chaîne hôtelière...
Grand Officier de la Légion d'Honneur, Compagnon de la Libération, Croix de Guerre 39-45 (15 palmes, 3 étoiles de vermeil), Médaille de la Résistance avec rosette, Héros de l'Union Soviétique, Ordre de Lénine, Ordre du Drapeau Rouge, Ordre de la Guerre pour le Salut de la Patrie, Croix de Guerre (Tchécoslovaquie).
Être d'exception, pilote au « Normandie » dés les premières heures, il est le 2ème as français et le premier de NN avec 23 homologuées ( dont 6 individuelles) et 2 probables... assurément l'un des plus grands !
